Mon métier : spécialiste en p’tites culottes
J’adorrrrrrrrrre mon métier.
Avant, j’étais dans le marketing informatique. J’aimais mon boulot, la masturbation intellectuelle, … Par contre j’avais un gros problème de conscience. En effet, il y a 10 ans, la moralité n’était pas une valeur recherchée dans ce métier (je ne suis pas sure que cela ait changé). J’étais une jeune maman. J’enseignais à mes enfants des valeurs qui me sont chères : l’honnêteté, le respect, le travail … Et dans mon travail, je bafouais allégrement ces valeurs. J’ai fini par choisir de laisser tomber ce métier.
Un jour, j‘ai vu une émission à la télé, sur la vente à domicile de lingerie. Je me suis dit « pourquoi pas moi ? ». Après tout, cela faisait des années que je disais aux commerciaux comment vendre un produit. Mais je n’avais jamais rien vendu. De plus, j’étais d’une grande timidité. Je n’avais aucune confiance en moi. J’avais un sérieux problème pour accepter ma féminité. J’étais agressive Et mon carnet d’adresses était désespérément vide… Enfin bref, j’étais mal dans mes baskets. J’ai pensé que ce nouveau métier pourrait m’aider à me sentir mieux et à accepter ma féminité. La lingerie n’est-elle pas le symbole même de la féminité ? Alors j’ai cherché sur internet une société de vente de lingerie à domicile. Il y en avait 3 ou 4. J’ai choisi celle dont les produits me plaisaient le plus. Précisons quand même que je n’aimais pas la lingerie. Pour moi, porter un soutien gorge était une séance de torture. Se battre toute la journée avec des bretelles tombantes, un soutien gorge qui remontait, sentir les armatures, … La première chose que je faisais quand je rentrais chez moi était de retirer mes chaussures et mon soutien gorge.
J’ai rencontré mon animatrice. Et j’ai démarré l’aventure. Heureusement que la VDI est ouverte à tous et qu’il n’y a pas de sélection à l’entrée. Car je n’avais pas, du tout, le profil. J’étais déjà en thérapie. Et lorsque j’en ai parlé à mon psy, on a bien rigolé. C’était fin 2005.
Pendant les 2 premières années, mon objectif était de me changer. Je ne me suis pas lancée dans ce nouveau métier pour gagner de l’argent mais pour m’aider dans mon développement personnel. Et j’ai réussi. J’ai appris à m’ouvrir aux autres. J’ai confiance en moi. Enfin mon humour était un avantage. En effet, dans mon ancien métier, il n’était pas bien vu de sortir une blagounette en pleine réunion avec des directeurs commerciaux de grandes sociétés !!! lol. Par contre, dans la vente à domicile, l’humour est un atout fort apprécié.
2011, aujourd’hui, je suis toujours conseillère en p’tites culottes et le chemin parcouru est impressionnant. J’ai changé. Ma vie a changé. J’ai pris ma vie en main. Je suis heureuse et fière de mon parcours. Je suis animatrice de groupe (communément appelée AG, dans notre jargon). J’ai une équipe d’une dizaine de vendeuses et qui ne cesse de se développer. Je viens même de passer animatrice secteur !! Je suis en charge de booster le secteur Paris Est. Qui l’eut cru lustucru !!Je m’éclate dans mon taf. Lorsque j’ai démarré, si quelqu’un m’avait dit que j’arriverai à ça, je l’aurais traité de fou !!! Mais bon étant donné ce que j’étais, personne ne me l’a prédit !! lol
En me remémorant mes débuts, je ne peux m’empêcher de rire. Je n’étais franchement pas terrible. Je n’osais pas aller vers les gens. J’y allais la peur au ventre et je voulais vendre. Mes résultats n’étaient donc pas terribles. Tous les mois, je passais les 20 premiers jours à me dire « j’y vais, j’y vais pas », « j’ose, j’ose pas ». Les 10 derniers je me m’étais une grosse pression pour faire mes ventes. Tous les mois, mon animatrice s’arrachait les cheveux. Elle m’enseignait une méthodologie que je n’arrivais pas à appliquer. Faire essayer la lingerie à ces dames était, pour moi, un supplice. En effet, lorsqu’on fait essayer de la lingerie, on entre dans l’intimité d’une femme. Or, j’avais un gros souci avec mon intimité. Donc, pour moi, j’avais l’impression de déranger leur intimité et j’étais très mal à l’aise. Heureusement, mon animatrice m’a beaucoup aidée. Elle m’a soutenue. J’appréciais aussi mes collègues. On était une bonne équipe. C’est ce qui m’a aidé à persévérer. Et je ne le regrette pas. Bien au contraire. De fil en aiguille, je suis passée AG en juin 2006. C'est-à-dire que j’avais une équipe de 3 personnes. Ce n’était vraiment pas facile. Je devais développer ma clientèle et guider mes vendeuses dans leur aventure. J’étais une piètre vendeuse et une animatrice « inexistante » (c’est le terme utilisé par Val, une de mes premières vendeuses qui a arrêté l’activité mais qui est devenue une de mes meilleures amies)
Il y a 3 ans, j’ai eu de gros soucis de santé. Mon dos n’était que souffrance et ce depuis déjà plusieurs années. Lorsque j’en parlais à mon médecin, il disait que c’était psychosomatique. Il voulait me prescrire des antidépresseurs que je refusais. En janvier 2008, je souffrais tellement que j’ai fini par craquer dans le cabinet de mon médecin. Il m’a fait passer des examens. Et là le verdict est tombé. J’avais de l’arthrose dans tout le dos (surtout au niveau des cervicales et des lombaires) à un stade très avancé. J’avais le dos d’une personne de 80 ans. J’en avais 37 !! J’ai du arrêter de travailler, pendant 2 mois. A ce moment, mon animatrice m’a laissé tomber. Elle ne croyait plus en moi. Elle pensait que j’étais fainéante. Elle m’a fait un très beau cadeau. Et maintenant, quand je lui en parle, je la remercie. En effet, cela m’a forcé à faire un point et à avoir « le déclic ». J’ai du me demander si je voulais ou non continuer l’activité. J’ai pris conscience que c’était mon entreprise et que c’était à moi de me battre pour réussir. J’ai décidé de continuer et de prendre ma vie en main. A ce moment là, j’avais une vendeuse qui venait de démarrer et qui m’a beaucoup soutenue et aidée. Aujourd’hui, elle est toujours là. Elle réussit dans son activité. Et nous sommes très proches. Lorsque nous parlons de cette époque, nous rigolons bien. Quel chemin parcouru !! Les vendeuses qui nous ont rejointes depuis ont du mal à nous croire. Et pourtant !! Je suis loin d’être un cas isolé dans mon activité. On voit souvent arriver des femmes « fatiguées », manquant cruellement de confiance en soi. Et quelques mois après, le changement est impressionnant. La VDI est un métier où l’épanouissement personnel et la réussite professionnelle sont corrélés. Et c’est génial.
Pour en revenir à ma petite entreprise, en mars 2008, j‘ai repris mon activité. Après 2 mois sans travailler, pas besoin de préciser que mes finances étaient au plus bas. Une de mes amies ouvrait son restaurant. Elle cherchait une serveuse. J’ai travaillé avec elle, pendant 1an ½ , tout en continuant à vendre des petites culottes et à gérer mon équipe. Mon kiné était fou. Il ne cessait de m’ordonner d’arrêter de travailler autant. Il était drôle lui ! Comment voulait il que je fasse, seule avec 2 enfants ? Pour pouvoir donner à manger à mes enfants et payer mes factures, je n’avais pas vraiment le choix. Comme toujours, beaucoup de personnes, dans mon entourage, me conseillaient d’arrêter Ch’ (c’est la société avec laquelle je travaille) pour trouver « un vrai métier ». Mais moi je n’en avais pas envie. Je voulais continuer. J’avais vraiment pris conscience du bien que me faisait mon boulot. Je retrouvais le même état d’esprit que j’avais quand j’étais à mon compte, sans les inconvénients (notre statut de VDI (vendeur à domicile indépendant) est trop top. Nous n’avons pas de charges trimestrielles à payer et de déclarations administratives indigestes à remplir). Je commençais à avoir une bonne petite clientèle fidèle. Je remontais une équipe. Enfin bref, je commençais à voir les prémices de la réussite. Pour moi, ce n’était pas le moment d’arrêter. Alors, envers et contre tous, j’ai persévéré. Mon boulot au resto m’a permis de me refaire une petite santé financière mais n’a pas aidé ma santé physique !! Et puis je suis arrivée à un stade où je gagnais avec Ch’, en 1 semaine environ, ce que je gagnais en 1 mois au resto. Alors le choix s’est imposé. J’ai arrêté de travailler avec mon amie pour me lancer à fond dans Ch’. C’était fin 2009.
2010 a été l’année de tous les changements. Je suis devenue de plus en plus à l’aise dans mon rôle d’animatrice. J’ai enfin pris conscience que j’étais une bonne animatrice. J’ai connu une ancienne directrice chez Ch’ qui disait toujours « on a l’équipe qu’on mérite ». Pas besoin de préciser que j’ai souvent pleuré en voyant les piètres résultats de mes équipes passées. Maintenant, je suis fière de mon équipe. Je suis fière de moi. Je ne serai jamais une grosse vendeuse. Ce n’est pas la partie qui m’intéresse le plus dans mon taf. Par contre, je m’éclate à fond dans le management. Gérer une équipe de VDI est vraiment différent d’une équipe de salariés. En effet, le propre de notre taf c’est l’indépendance. On ne dirige pas une équipe de VDI. On les guide, on les coache.
En 1 an la physionomie de mon équipe a royalement changé. D’une équipe fragile, peu performante, nous sommes, maintenant, parmi les meilleures du secteur. Encore petite (nous sommes une petite quinzaine), nous ne cessons de progresser et de grossir. J’amène de plus en plus mes vendeuses à réussir personnellement. Quelle fierté de les aider à s’épanouir. Je leur donne tellement envie que cette année, non seulement, on m’a confié le poste de Responsable secteur mais en plus j’ai 5 vendeuses qui deviennent à leur tour animatrices. Et évidemment, cela a des conséquences sur mes ventes. Comme j’aime ce que je fais et que je le partage, j’ai de plus en plus de clientes. Ce qui fait, qu’aujourd’hui, c’est grâce à mon travail que je paye les factures et que je fais vivre ma famille. Certes, ce n’est pas encore le top au niveau financier. Les fins de mois sont encore difficiles. Mais au moins, j’ai un boulot où je m’éclate et où j’arrive à gérer ma vie familiale et ma réussite professionnelle. Alors pour moi, c’est le plus beau métier qui existe. Et en plus, je sais que, d’ici la fin de l’année, je vais vivre de mon travail et pas juste survivre. Je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
La PDG de Ch’ dit toujours que si on persévère et qu’on adopte la bonne attitude, on est condamné au succès. Au début, quand je l’entendais dire cela, j’étais très circonspecte, voire dubitative. Maintenant, je me lève et je confirme. J’adore ma condamnation !! lol Je suis la preuve vivante !! lol
Et puis, je ne peux plus arrêter mon métier car cela me coûterait une fortune en lingerie. En effet, c’est une activité où il faut faire don de son corps. Il faut tester les produits. Je sais c’est très pénible !!! lol J’ai découvert le plaisir de mettre de la BELLE LINGERIE CONFORTABLE !!! Et c’est clair, je ne pourrais plus mettre un soutien gorge « bon marché » que je mettais avant. Maintenant pour pas beaucoup plus cher, j’oublie que je porte un soutien gorge. Je m’y sens aussi à l’aise que dans mes baskets. Et en plus je suis fière de la montrer. Et j’en suis d’autant plus fière que mes clientes pensent la même chose. Alors que demander de plus ?
Je souhaite sincèrement à tout le monde de pouvoir s’épanouir autant dans son travail.
Texte écrit le 3 avril 2011